[Début : Grande Salle à Manger]

Jules poussa la grande porte en bois au bout du couloir et déboucha sur une grand pièce circulaire. Il régnait encore une chaleur pesante de la cuisine du soir bien que la cheminée centrale fut éteinte. Le foyer était immense et les dernières braises qui avait résisté au sortilège de ménage fumaient encore. Autour contre les murs, étaient empilés des tas et des tas de bois. Jules compris bien vite qu'il s'agissait en gros de la "salle des machines", où les cuisiniers allumaient un grand feu pour alimenter les dizaines de conduit qui s'élevaient soit droit soit en tourbillon du foyer et disparaissaient dans le plafond pour les étages supérieurs.

Tout au fond, un petit escalier en colimaçon menait soit en haut, soit en bas. Jules dut attendre Thynta pour éviter de partir sans elle. Il ne savait pas vraiment où le chat avait pu se cacher et essaya vainement de l'appeler :

"Merlin-Pompom !"

Ce fut fatal, il éclata de rire. Il avait bien fait attention de ne pas prononcer son nom pour éviter ce genre de situation devant Thynta qui semblait susceptible sur le sujet. Les deux autres tentatives se soldèrent par le même résultat. Puis à force de rire il se calma, et put prononcer son nom seulement en souriant.

"Merlin-Pompom viens ici ! Ou tu te caches ?"

La jeune Thynta n'avait pas vraiment compris tout de suite que Jules avait trouvé l'entrée. La voilà qu'elle trainait devant les statues - soit dit en passant aussi splendide qu'une Venus d'Ille - qui représentaient les trois père fondateurs se métamorphosant en animagus.
Au fond elle entendit, comme l'écho d'un rêve lointain, la voix devenue caverneuse de Jules qui appelait son chat " Merlin-Pompom " et rigolait !
Ho il rigolait ! Thynta franchit le passage, mais cela ne l'énerva même pas. Au contraire plus il rigolait, plus elle souriait ! Elle savait que quand il verrait son chat il serait obligé de craquer et de ne plus se moquer : on ne se moque pas du meilleur chat du monde !

Thynta laissa Jules tourner en rond un instant, il était entrain de contourner le foyer. Puis, à pas feutrés, elle s'approcha et lui proposa :

" Et si on tentait l'escalier ?"
Le garçon sursauta et elle se mit à rire ! Malgré tout son rire restait légèrement nerveux, et elle craignait que si elle ne trouvait pas son chat dans les cuisines, elle ne le trouverait plus jamais...

" Et si on tentait l'escalier ?"

Jules ne le souligna pas, mais ça restait évident ! Il n'avait pas fait tout ce chemin et franchi tant de limites du règlement pour s'arrêter là devant l'abri à bois ! Ceci dit l'escalier montait et descendait. De plus Jules ne connaissait pas du tout la formation des cuisines. En somme il ne savait pas où aller ! Mais bon rien de nouveau, et ce soir il commençait à en avoir l'habitude.

Ils se dirigèrent tous deux vers le vieille escalier en bois. Jules se retourna vers Thynta avec le regarde brillant de celui qui a une trop bonne idée et qui est fier avant même de l'avoir formuler (grosse erreur, souvent les meilleurs idées une fois exprimées avec des mots apparaissent on ne peut plus banales...)

"Ecoutes, tu montes en haut et je descends ! Ce sera plus rapide non ?! A moins que tu ne veuilles faire l'inverse ! Mais comme ça on trouvera plus vite Merlin !"

"Ecoutes, tu montes en haut et je descends ! Ce sera plus rapide non ?! A moins que tu ne veuilles faire l'inverse ! Mais comme ça on trouvera plus vite Merlin !"

Thynta eut alors un de ses temps de réflexion complétement idiot : Merlin ? mais enfin il est mort depuis des siècles celui-là ! ah mais non mon chat !
Elle faillit se taper le front tant hallucinée par sa stupidité et émit à la place un petit rire tout autant stupide ! Jules la regarda en haussant les sourcils, mais ne releva pas, fort heureusement pour la jeune fille. Il devait être habitué à présent aux gestes inconsidérés qu'elle faisait presque à longueur de journée !

" ok ok je vais en haut, disons que l'on se retrouve comme on peut hein. Tu m'enverras un hibou si jamais ! "

La petite Cerconor, non mécontente de sa blague quelque peu vaseuse et hors propos, se sauva dans l'escalier en colimaçon direction le haut. Les marches étaient glissantes et avec ses petites bottines elle dut y aller doucement. Il faisait sombre, les murs étaient moites. La jeune fille commença à sentir une certaine tension. Elle ne savait pas à quoi cela la mènerait...

Finalement elle déboucha après l'on ne sait combien de marches au devant d'une porte. Cette dernière en bois massif semblait cependant assez fausse, comme s'il elle eût été un simple rideau. Elle semblait flotter contre le mur. La jeune fille, avec une main tremblante, poussa la lourde porte... et se retrouva dans un des jardins qui longent le château. Le soleil couchant avait transformer l'herbe verte en un océan orange pourpre dont l'écume se perdait dans le ciel nuageux. La promesse d'un orage approchait à grand pas chassant les derniers oiseaux dans le ciel.
Au lieu d'avoir peur pour son chat, elle fut très rassurée : Merlin-Pompon était un peureux de base, et l'orage il le sentait des heures à l'avance, du coup il ne serait jamais aller se dégourdir ses petites pattes dehors !
Avant de retourner dans l'escalier, elle observa un peu mieux le jardin : il s'agissait d'un jardin potager, qui, elle en était certaine, servait uniquement à la préparation des repas : elle reconnut des pousses de radis qui avaient servi au repas de la veille. Elle vit des tomates, des courges, des potirons ( Halloween approchait à grands pas ! ) des fleurs de Caramel doux, des tulipes Russes et pleins d'autres choses qu'elle espérait vite voir dans son assiette !
Elle retourna dans l'escalier, ferma la porte et descendit les marches pour retrouver Jules, encore plus doucement qu'à l'allée, car quand on descend, c'est toujours bien plus glissant ... à peine après s'être fait cette réflexion elle se retrouva les quatre fers en l'air, dévala l'escalier avant même d'avoir eu le temps de dire Quidditch, et atterrit sur le sol humide qui faisait la liaison entre l'escalier qui monte et celui qui descend ...

"Aie aie aie !" s'exclama-t-elle. Elle s'était cogné le front contre l'angle du mur. Se le frottant pour faire partir la douleur, elle s'aperçut qu'elle saignait. " faut que j'aille voir ca aux toilettes" - elle parlait souvent toute seule oui.

Jules emprunta donc l'escalier en colimaçon. En bois vieilli, celui-ci grinçait à chaque pas. Ce qui n'était pas pour rassuré le Loupocan curieux, mais pas vraiment téméraire. Pour se donner un peu de courage il repensa à la blague de Thynta. Vraiment vaseuse, mais il aimé ça ! Il rigola une nouvelle fois, sûrement que l'endroit n'y était pas adéquat ce qui donnait à la scène un sentiment de stupidité. Voir de pathétisme car on sentait affleuré dans le rire du jeune garçon toute sa nervosité.

S'il avait su, galant comme il savait l'être parfois, il aurait envoyé Thynta dans la cave : celle-ci n'avait vraiment rien de rassurant ! Lorsqu'il ouvrit la porte qui lui barrait le passage une odeur nauséabonde de mort s'engouffra dans ses narines pour s'y installer quelques jours. Car trois jours après leurs excursions l'odeur de la chair fraîche et encore saignante hanterait Jules.

Il ne comprit pas de suite d'où venait cette odeur, d'ailleurs il ne sut pas dès les premiers moments lui donner un nom, ni une appartenance. Bien heureusement, car autrement il n'aurait jamais mis un pied de plus dans cette cave.

"Lumos"

Tout un pan de mur se révéla à lui, des fruits juteux et des légumes craquants emplirent ses yeux ! Il se trouvait devant la corne d'abondance ! Tout absolument tous se trouvait devant lui, de toutes les variétés et de la meilleurs qualités ! Les couleurs un peu ternies par l'obscurité frétillaient sous la lumière vacillante de sa baguette, les odeurs des hespéridés lui caressaient la peau, le gout chaleureux des potirons chargés d'automne lui ébouriffait les cheveux. Lentement il tourna, suivant de sa baguette les étagères contre les murs. Le fruits et légumes frais laissèrent place à une armé de bocaux de toutes tailles, formes, et contenances. Certains un peu plus poussiéreux que d'autres ne devaient pas avoir assaisonner depuis longtemps ! Les épices à l'intérieur, enfermés dans leur cage de verre, venaient des quatre coins du monde ! L'endroit était merveilleux, on se serait cru dans le laboratoire secret d'un mage des potions...

Il pivota encore légèrement lorsque élément ferme bien que spongieux lui tapota l'épaule. Il ne put retenir un cri ! Il fit volteface, trébucha et se retrouva d'un coup d'un seul en plein coeur d'une forêt d'épouvante. Jules se voyait harcelé par des corps dépecés. Il entendait de partout l'attaque d'un de ces morts ensanglantés. Il traversa du plus vite qu'il le put la salle et se plaqua contre le mur de pierre froide.

Il était a présent bien loin de ses amis les légumes, la porte s'était refermé, et il avait laissé tomber sa baguette dans la cohue. Son pouls n'avait jamais battu aussi vite, une terreur terrible lui tenaillait les entrailles. Il entendait encore le mouvement effrayant de ces cadavres suspendus à leur esse métallique. Il resta sans bouger, attendant que l'excitation de ces zombies se calme sans pour autant que son rythme cardiaque ne suive le même projet... il venait de comprendre et de mettre un nom sur cette odeur nauséabonde.

Tenant son front contre sa paume, la petite blonde se releva, chercha un instant des yeux si Jules n'était pas revenu. Elle pencha l'oreille vers l'escalier qui descendait dans les profondeurs du château sans rien n'entendre d'autre que les gouttes suintantes qui coulaient le longs des marches escarpées.
Elle ne comptait pas vraiment s'y risquer et attendrait tranquillement le retour du garçon.
Les deux enfants n'avaient pas vu en arrivant dans cette salle quelques minutes auparavant une petite porte battante qui semblait donner justement sur des toilettes. Quelle veine, songea la jeune fille !
Elle poussa le volet blanc ternis par la moiteur et la chaleur ambiante, et se trouva dans une pièce carrée dotée de trois lavabos, de cinq portes données sur des toilettes, et d'un miroir craquelé. Sur le rebord d'un des lavabo trainait comme un tablier de cuisinier : ce devait être là leurs toilettes, et donc les cuisines n'étaient vraiment plus loin !
Son coeur bondissait au rythme du bonheur à savoir que son chat ne devait pas être loin, peut-être derrière l'autre battant qu'elle apercevait dans un retranchement sombre au fond de la pièce.
Oui mais d'abord son front saignait encore : elle se posta devant le miroir et admira la petite entaille : petite oui, mais efficace. Elle pris de l'essuie main et passa cinq minutes à stopper le sang.
pas très beau pensait-elle en regardant de plus près la petite plaie qui s'étendait sur bien trois centimètres le long de sa tempe gauche.
Elle entendit alors un drôle de bruit, comme un gloupement ! elle se retourna vers un des toilettes dont la porte était entrebaillée.

" Y a quelqu'un ? s'enquit-elle nerveusement. On ne lui répondit pas. Elle baissa alors la tête et remarqua qu'aucune jambe ne semblait disparaitre : cela avait eu être un bruit de son imagination.

Cependant Thynta voulut vraiment se rassurer : elle prit sa baguette contre sa poitrine, prête à se défendre - la paranoïa du jeune sorcier qui veut montrer sa valeur à tout prix - et poussa la porte ...

Par la même occasion elle se ressaisit directement et éclata de rire ! Elle pleurait même de rire tant son bonheur était grand : Merlin-Pompom était là, prostré sur la cuvette, entrain de goulument y boire l'eau.



Thynta ne fut même pas dégoutée, et elle se précipita sur son chat pour le prendre dans ses bras - ce dernier dans un petit miaulement lui lécha le visage pour lui montrer son affection et la joie de revoir sa maitresse - et elle retourna dans la pièce d'avant, sourire aux lèvres, voir si cette fois Jules était de retour...

Thynta ne semblait pas décider à descendre ! Le silence s'était déjà fait depuis longtemps dans la salle des pendus, un silence pesant qui serrait avec application le coeur de Jules. Il détestait avoir peur ! C'était bien un des sentiments les plus difficiles à vivre, il n'avait jamais compris les abrutis qui s'amusait à s'effrayer avec des sorties dans les cimetières où les films d'horreur : de vrais écervelés !

Quoiqu'il en soit restait sur place n'arrangeait rien. En effet au plus il vite il serait parti, au plus cette épouvantable sensation serait un souvenir presque risible. C'était toujours ce qui lui donnait le plus de courage : éviter la peur !

Il s'abaissa alors discrètement ne voulant pas éveillé le soupçon des cadavres, se plaquant au sol pour récupérer sa baguette qui ne devait bon dieu ne pas se trouver bien loin ! En effet le contact sorcier baguette est puissant, et même dans le noir il réussit à poser sa main dessus du premier coup. Cela lui avait valu un étirement tout de même excessif du bras, mais à juste récompense !

Il se releva aussi silencieusement qu'il le put pour ne pas troubler le sommeil des morts. Dans un souffle il murmura "Protego maximus" la bulle bouclier disparut aussitôt même qu'elle sortit de sa baguette. Il le répéta plusieurs fois avant de créer un bouclier digne de ce nom. Il tendit le bras et sentit cette barrière froide comme du verre, du cristal.

Il n'avait pas la pratique assez développée pour faire mieux et il s'en contenta. Avec un courage immense qu'il puisa au plus profond de lui il se lança en courant dans la direction de ce qui devait être la porte. Mordant sa langue jusqu'au sang pour ne pas crier il s'élança. Il percuta d'abord de plein fouet le bouclier, dans le stress il n'avait pas pensé que le bouclier n'avancerait pas avec lui. Mais le faible enchantement s'envola en fumée à peine l'eut-il touché. Il se retrouva alors au milieu de cette forêt de corps grinçants. Il courut le plus vite qu'il le put, une fois arrivé à l'orée de l'horreur il se retourna pour jeter un sort ! Si les démons avaient décidé de lui courir après pour ne pas le laisser partir !

"Petrificus Totalus !" Le jet de lumière étincelant éclaira d'un seul coup la salle et il vit le sujet de sa terrible frayeur se projeter en ombre hideuse contre le mur de pierre ! Des dizaines de lièvres dépecés pendus par les pattes se balançaient tout penauds sur leur esse de fer. Le sang coulait de leur museau rougit et leurs yeux révulsés le regardaient avec pitié.

Il ne put retenir un cri de terreur et s'enfuit en courant vers l'escalier. Il ne compta pas le nombre de fois il trébucha sur les marches. Il rejoint aussi vite qu'il le put Thynta qui jouait avec une fourrure orange devant la cheminée, ignorant l'état ensanglanté dans lequel il se trouvait !

Assise par terre, Thynta retrouvait avec plaisir son petit chat, qui le lui rendait bien. Elle entendit des pas rapides dans l'escalier, et sans tourner la tête s'exclama joyeusement :

"tu as vu qui est là ?!"

Son visage se fendit d'un large sourire béat tandis qu'elle se tournait vers Jules. Vers un Jules tout penaud, tout suant, sur le visage du quel on lisait presque de la terreur. Elle se leva en lui demandant ce qui s'était produit.
S'approchant du garçon, elle ouvrit alors de gros yeux et une bouche plus large encore que la poche d'un kangourou !
Elle balbutia un moment : " tes.. tes yeux" et devant l'air incrédule de Jules qui reprenait apparament péniblement son souffle, elle rajouta : " ils sont tous bleus..."


Si la situation n'était pas si incompréhensible pour la jeune sorcière, elle aurait surement rit aux éclats : le bleu ne se mariait pour rien au monde au visage angelin du garçon ! Ils passèrent en rien de temps d' un bleu métallique, foncé, qui encore, mis à part l'allure robotique, ne choquait pas plus qu'un ciclope à deux yeux - malformation répandue à Hiroshima - à un bleu clair, azur, palichon, qui laissait entrevoir un vide intercidéral d'inexpression. On aurait un idiot, d'autant plus que Jules avait ce sourire gêné qui amusait beaucoup Thynta et qui signifiait : je ne comprends rien !

Il lui demanda si elle se payait sa tête, alors, avec tout le sérieux du monde, elle sortit d'une des ces grandes poches de sa robe de sorcier d'un bleu qui se voulait extrêment clair et qui avait l'air plus sombre que la nuit face à al couleur des yeux de Jules, un petit miroir.

Pour l'anecdote, il s'agissait d'un miroir moldu - donc sans effet contradictoire que ce soit et elle le précisa à son compagnon - qu'elle avait récupéré dans une poubelle, dégoûtée par l'attitude de certains moldus envers des objets d'une si grande beauté ! Il était rond, sur un support de fer à la base doré qui avait terni en brun presque ocre, dont les fins dessins qui en faisaient la monture représentait des feuilles d'une douceur esquise. Enfin, c'était la son avis, qu'elle continua de partager avec Jules :

" regarde, touche, on dirait qu'elles sont vraies tellement c'est joliment gravé ! et sans truquage sorcier ! cela m'impressionne vachement de voir qu'au moins les moldus ont le mérite de ne pas tricher ! Qu'ils aiment à passer du temps pour faire de belles choses ... oh ! je sais il y a aussi des machines, mais ce miroir là, non , je suis sûre que son créateur y a mis toute son âme et euh..."

Elle se stoppa devant la regard agacé de Jules qui patientait, tramblotant péniblement d'une jambe sur l'autre. Elle lui plaça alors le miroir sous le nez pour qu'il observe le bleu de ses yeux - dont le teint entre temps avait changé de nouveau pour un bleu plus accentué, un bleu presque angoissé ...

Jules avait eut une peur bleue ! Et c'est le moins qu'on puisse dire ! Si bien que lorsque Thynta lui annonça que ses yeux avaient changés de couleur tout s'envola. Les images des lapins de dodelinant sur leur crochet ensanglanté s'envola comme une nuée de Flapillons effrayés et il ne fit aucun effort pour les retenir.

Pendant qu'il discourait sur le beauté du travail moldu, Jules tremblait encore. Il avait besoin d'un endroit ou se raccrocher. Il ne comprenait pas le moindre mot de ce que lui racontait Thynta, ses yeux noyait de larmes de frayeur ne regardait rien, en réalité tout ses sens s'étaient brusquement retournés sur lui, vers lui, en lui, attendant que l'adrénaline se dissipe. Il entendait, voyait et sentait battre son coeur, comptant impatiemment les pulsations pour les faire diminuer.

Quand finalement Thynta lui présenta le miroir, tout disparut pour de bon autour de lui... il ne vit plus que ces yeux bleus... enfin ses yeux bleus ! Et c'était immanquable l'iris changeait de couleur comme s'il hésitait sur laquelle finirait par tapissait son intérieur ! Il ne se reconnaissait plus dans l'image que lui renvoyé le miroir. D'un geste brusque il repoussa la main de la Cerconor, plantant ses yeux... enfin ces yeux qu'il ne connaissaient pas... dans les siens !

"Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?!"

Thynta remarqua l'air paniqué de son ami, on aurait dit qu'il allait se faire pipi dessus ! Elle cherche un moment ses mots, quesqu'elle en savait, elle, de ce qu'il lui arrivait ?

" je ne sais pas... Tu as peut-être été exposé aux restes de la soupe de myrtille de l'autre jour ? On devrait aller voir l'infirmière, ou un prof ?"

Voyant que son ami ne réagissait nullement, la jeune sorcière lui prit le bras, le tira gentiment, puis plus fortement, puis finalement à force de tirer elle se retrouva les quatre fers en l'air !

"bon allez, ce n'est pas en restant ici comme un piquet que ca arranger les choses ! Je suis sûre que ce n'est rien ! Les schtroumphs ca ne mord pas ... j'ai entendu dire qu'il y en avait dans les cuisines mais ... Viens Jules"

Elle avait été surprise par la force physique de son ami, resté de marbre, froid comme la couleur de ses yeux. Elle avait tenté de dire une idiotie sur les Schtroumphs, qui ne vallut qu'un simple frisson, bourdonnement du bout des doigts de Jules. Elle songea que s'il restait planté là il faudrait utiliser la magie !

Elle alla vers la porte, cette porte qui donnait dans la grande salle à manger, et elle pointa sa baguette vers Jules :

" tu as dix secondes, sinon je serai contrainte de te faire voler, sauf que je ne me priverai pas de rajouter un sort grotesque ! En plus, s'ils sont devenus bleus, tes yeux, ils redeviendront bien comme ils étaient avant !"

Et la jeune fille attendit ...

Jules resta planté sur place, impassible au blague de Thynta et à son relativisme dédramatisant. Il se mit en marche entre le 8 et le 3 du décompte des secondes de son amie, il ne se rappelait pas bien, et n'avait pas vraiment fait attention. Avançant comme un zombie, les yeux... ces yeux... ses yeux... perdus dans le vague il réfléchissait. Il était hors de question d'aller voir un professeur à cette heure là ! Le couvre-feu était déjà jeté et comment aurait-il pu expliquer son excursion dans les cuisines. Jules ne voulait pas se faire expulser dès la première année ! D'ailleurs il ne voulait pas se faire expulser à la septième non plus ! Avec une grande inspiration il essaya de parler à haute voix pour faire de son raisonnement une évidence même, afin de se calmer et surtout de l'accepter lui-même.

"On ne peut pas aller voir un professeur ! Tu as vu l'heure qu'il est ? En plus je ne saurais pas quoi lui racontait !"

Le premier pas sur la résignation était fait, le plus dur restait à venir...

"Tu as peut être raison ça va revenir tout seul... Tu penses qu'il faut que j'attende ? On ira à l'infirmerie demain ?"

Le calme commençait à s'insinuer dans son cerveau et il avait totalement oublié l'épisode des lapins, il ne s'en rappellerait que le soir dans son lit. Les lièvres pernicieux reviendrait juste pour chasser les moutons et l'empêcher de s'endormir.

"Et puis tout le monde rêve d'avoir les yeux bleus non ?"

Là dessus, il ne réussit pas à se convaincre.

Thynta avait oublié l'heure qu'il était, et en effet Jules avait raison, un peu tard pour aller voir un professeur.
Elle lui sourit en se rapprochant, se voulant presque maternelle :

"on dirait même que c'est déjà entrain de repartir. Ecoute, on ira demain, et on aura qu'à dire... je ne sais pas moi, si c'est du à la peur, on aura qu'à dire que j'ai voulu te faire une farce en me cachant derrière un couloir et que ça t'a vraiment fait peur !
Puis tu as raison il se fait tard, rentrons chacun dans nos dortoirs et retrouvons demain dans la grande salle pour le petit déjeuner si tu veux, ou dans un endroit moins exposé..."

La jeune fille, comme pour ponctuer ses dires, bailla. Elle jeta un rapide coup d'oeil sur sa montre - qui lui venait de sa mère, en or plaqué, toute simple, fonctionnant avec cet étonnement mécanisme de "pile" qui n'est du à aucune magie - et vit qu'il était déjà 23h... Il fallait absolument éviter de se faire repérer par quelqu'un, sinon les ennuis ne tarderaient pas.
Elle se dirigea donc vers la sortie, avec Jules sur ses pas, son chat dans ses bras...


[ hors RP : je te laisse le soin de finir ]

Thynta se voulut un instant réconfortante, mais elle coupa court à toute discussion : il était l'heure d'aller se coucher ! Bien évidemment elle avait son chat, c'était pas elle qui avait deux yeux d'un autre dans ses globes oculaires ! Jules s'apprêta un instant à protester mais elle ne lui en laissa pas le temps et se dirigea vers la sortit.

Il dut se rendre rapidement à l'évidence, elle avait raison ! Il verrait demain. D'autant plus qu'elle avait réellement raison. Le lendemain ses yeux seraient redevenus normaux, il n'insisterait préférant oublier cette terrible mésaventure. Malgré les vives recommandations de Thynta pour aller voir l'infirmier, il refuserait catégoriquement, tout serait rentré dans l'ordre !

Un peu penaud de refouler toute cette véhémence en lui, il haussa les épaules et s'empressa de suivre Thynta qui avait disparu dans le corridor.