Un Après-Midi Frisquet

Avril s'était montré plutôt froid, mais la fin du mois avait battu des records de température. Pour un peu, elle n'aurait pas été surprise de voir quelques flocons de neige arriver! Heureusement, aujourd'hui, le soleil avait daigné montrer le bout de son nez pour réchauffer un peu les lieux et donner une atmosphère plus printanière. Elle avait tout de même eu soin de revêtir une capeline de velours d'un bleu profond sur sa robe pastel à petites bordures dorées, autour des manches et de l'encolure. Encolure un peu trop basse à son goût, d'ailleurs, qu'elle avait pris soin de combler en portant sur sa robe une chemise de coton blanc boutonnée jusqu'au cou. La mode sorcière lui plaisait. Parfois, comme avec cette tenue, elle se regardait dans le miroir et s'imaginait à cheval, portant des gants de cuir sur lequel un faucon viendrait se percher lors d'une chasse à... bon, elle ne savait pas vraiment ce qu'on chassait avec des faucons, il fallait l'admettre. Elle ne savait pas non plus monter à cheval. Cependant, c'était quand même l'emblème de sa famille, comme il disait, et il aurait presque été normal que ce genre d'animaux familiers soient autorisés à l'école. Après tout, ils n'étaient pas beaucoup plus dangereux qu'une chouette - pensait-elle.

N'ayant rien à faire - ou ayant choisi de procrastiné sur quelque devoir de métamorphose - elle avait décidé d'aller faire une promenade dans la cour des dames, où elle aimait toujours à passer du temps lorsqu'il faisait beau. Elle n'avait pas passé l'entrée qu'elle entendait déjà les rires cristallins des statues jouant dans l'eau. Elle aussi, apparemment, appréciait le soleil du début d'après-midi. De nombreux 'ploufs' et 'splashs' pouvaient être entendus de part et d'autre, et les jets d'eaux semblaient sautiller allègrement d'un bassin à l'autre.

PLAF!

Juste à côté d'elle, une statue d'être de l'eau venait de plonger dans l'une des fontaines, déclenchant une grosse vague qui trempa Louève des pieds aux épaules. Elle poussa un cri en sentant l'eau glacé traverser une à une les couches de tissu jusqu'à sa peau blanche, qui avait dû rougir sous le coup, elle s'en doutait. La statue rit et présenta des excuses qui n'avaient pas l'air très sincères.

Eva resta pétrifiée, le vent froid la pénétrant maintenant jusqu'aux os, là où ses vêtements glacées collaient à son corps désormais frigorifié.

[Pondu le 5 avril à 16h54]

Après une longue matinée d'étude, Ambre profita d'avoir l'après-midi de libre pour quitter quelques instants les salles de cours et la bibliothèque et passer un moment dans la Cour des dames. Elle s'était en effet rendue compte deux jours plus tôt, alors qu'elle quittait son cours de Potions magiques qu'elle n'était allée que très peu dans cette partie du château et elle s'était promis d'y passer quand elle aurait le temps. Elle avait donc pris la résolution le matin même de s'y rendre après le déjeuner. Toujours vêtue de son uniforme de l'école et son sac à la main, elle se dirigeait d'un pas décidé et élégant vers la Cour tout en resserrant l'emprise de son foulard autours de son cou. Il faisait en effet très froid et la troisième année jeta un regard vers le ciel. Ce dernier était d'un blanc parfait et elle n'aurait pas été surprise de voir de la neige tomber.
Ses pensées toujours tournées vers le temps, elle pénétra enfin dans la Cour. Elle s'abandonna alors à la contemplation du lieu, immobile et bien droite, serrant l'anse de son sac de sa main droite protégée par un délicat gant en cuir aux couleurs de l'académie.
La Cour était vraiment jolie avec ses différentes cascades et fontaines. La jeune fille s'approcha d'un banc et, tout en prenant soin de ne pas plisser sa robe, s'assit. Elle ouvrit son sac et en sortit son manuel de Défense contre les forces du mal qu'elle ouvrit sur ses genoux. Elle commença à étudier mais ne put pas rester concentrée bien longtemps car son attention fut soudain attirée par des statues qui étaient entrain de jouer avec les eaux. L'une d'entre elle paraissait d'ailleurs particulièrement agitée. Ambre la regarda encore quelques minutes puis retourna à son travail. Baissant les yeux vers son livre, elle sentit quelque chose frôler sa nuque. Instinctivement, elle y porta sa main et constata qu'une mèche s'était échappée de son chignon. De peur de passer pour négligée si une professeure ou une autre élève venait à passer, elle la replaça avec vitesse, sans non moins de précision, dans son chignon, puis put continuer l’apprentissage de sa leçon.
Alors qu'aucun bruit ne se faisait plus entendre, à l'exception de celui de l'eau provoqué par les statuts, elle releva la tête. La Cour était vide. Comme la plupart des parties extérieures du palais d'ailleurs. Ambre songea alors que le froid avait dû décourager plus d'un élève.

Soudain, un grand éclaboussement d'eau se fit entendre suivi d'un rire et d'excuses prononcées d'une voix aiguë et grinçante.
Ambre releva la tête, surprise, et aperçut la statue qu'elle observait un quart d'heure plus tôt entrain de replonger dans l'eau de la fontaine où elle se trouvait; un sourire mesquin sur les lèvres. La jeune élève de Beauxbâtons constata également qu'une fille se trouvait immobile devant le bassin, ses vêtements trempés. La troisième année se leva et se dirigea vers l'autre élève d'un pas pressé. Sans prendre le temps de lui demander son nom, elle s'informa de son état.

Ambre: "Est-ce que ça va? Tu n'es pas trop trempée?"

Observant les vêtements de la jeune fille, elle comprit que sa question était stupide. Tout en sortant sa baguette de la poche de son manteau, elle ajouta:

Ambre: "Il faut vite te sécher ou tu vas tomber malade."

Elle tendit alors sa baguette vers la capeline et s'exclama: "Impervius!"

Le vêtement sembla alors moins trempé mais le sortilège, servant principalement à rendre un objet imperméable, n'avait pas fait complétement effet.
Tout en exprimant par une moue sa déception, elle releva le visage vers l'autre jeune fille et lui sourit.