Dessiner. Un art que je travaille depuis longtemps déjà. En quelques années, j’avais largement entretenu mon crayon, apprenant à laisser courir ma main sans programmer ses mouvements d'avance, aucun motif, juste des émotions pures. Aujourd'hui, je dessinais ce qu'on offrait à mes yeux, des portraits, des élèves, de jeunes gens dotés de dons magiques. Mais l'inspiration me manquait. Moi qui avais toujours dessiné sans relâche, l'imagination en alerte, je séchais sur un simple portrait. Sans doute était-ce à cause de tout ce qu’un visage cache, comme la peur de ne pas être à la hauteur, de décevoir.
A vraie dire depuis plusieurs jours déjà j’étais troublée, sans savoir à qui m'adresser, n'y ce qui me dérangeait. Alors sur mon cahier à dessins je me contentais de représenter la cohabitation des pouvoirs magiques et différentes maisons, des éclats de rires. Plus que jamais, je me sentais à ma place. Un vent frais, comme en écho à mes pensées, vint caresser mes joues faisant voleter mes cheveux et froissant mon corsage beige, rafraichissant le couloir où s'engouffrait l'air. Marchant vers le seul lieu où ma créativité était fertile, Le parvis des Vents. Bien loin des préoccupations qui devraient m’animer. Souriant tendrement au vent, synonyme de liberté.
C'est avec un sourire aux lèvres que je débarquais sur le belvédère... Mais pas seule, il y avait une jeune femme déjà présente, je reconnus une silhouette frêle, pourtant un visage manquait pour être reconnaissable.
Et puis un parfum... Je n'avais eu le plaisir de sentir qu'à une seule fois et à une unique occasion, celà. C'était un parfum qui me rendait folle, frisant presque l'obsession. En chaque être résident la lumière et les ténèbres. Je fais partie des gens qui préfèrent afficher la lumière, mais lorsque ce parfum était en lisse, les ténèbres se montraient, et souvent sur mon visage se dessinait les frissons de la douleur. Cueillant prudemment la rose responsable du parfum je la fis glisser entre mes doigts pour la humer à pleins poumons. Les paupières closent, le nez toujours dans les doux pétales de la reine de ces émanations, je me souviens. Les fleurs de ma mère, Jane, elle manquait terriblement...
- On dit que c’est en croyant aux roses, qu’on les fait éclore. Qu’en penses-tu ?
Ayant pris un ton très doux, chuchotant presque, de peur de faire fuir mon interlocuteur. J'affichais un regard rieur comme mon sourire. Je calais la fleur dans ma boutonnière.