La grande horloge du château sonna les 17 heures, de l'extérieur le carillon résonnait dans tous les sens, comme s'il s'agissait d'une nuée de lutins de Cornouailles surexcités qui transportait avec eux le son des cloches. On n'arrivait pas à saisir d'où cela provenait, Jules se surprit à entendre le son émergeait du sol... Il n'y prêta pas attention, il venait de sortir de deux heures d'Histoire de la Magie avec la terrifiante Regina Kroust, son coeur s'emportait encore pour quelconques stimuli.

Il s'était installé dans la cours penchée en attendant l'heure du repas. Il n'avait pas vraiment envie de rentrer dans ses appartements, ni de se promener dans les jardins. Il avait alors opter pour un livre. Il avait trouver tout un rayon de littérature à la bibliothèque. Ce n'était pas la priorité de l'école, le rayon était un peu caché dans un coin, mais il était fourni ! En matière de littérature le monde sorcier et moldu fusionnait, et l'on pouvait aussi bien trouver du Baudelaire que du Lockhart ! Jules était enchanté et avait en avait emprunter quelques uns. A présent il se trouvait assis sur un banc de la cours penchée à lire Les Enchanteurs de Romain Gary, cherchant à démêler ce qui était vrai de ce qui était faux...

Il adorait cette cours, elle avait beau être penchée et avoir un dénivelé renversant, rien dévalé la pente. Un astucieux sort de gravitation avait dû être jeté car lorsque la première fois Jules fit tomber une pomme au sol, celle-ci resta sur place à sa plus grande surprise. Depuis cette évènement il revenait souvent passer un peu de temps dans cette cours, posant avec délices ses affaires au sol sans que ceci ne soient happés par la descente. Cela produisait au creux de son ventre une étrange sensation, un peu comme un mal des transports, en effet cet illogisme devait agir sur son équilibre interne. Malgré le désagrément auquel il s'était vite accoutumé le merveilleux du lieu l'enchanter.

Justement son ventre gargouilla soudain, la faim le terrassait et Jules regretta amèrement qu'il n'y eut pas de cafétéria à Beauxbatons ! Tant pis, il attendrait patiemment l'heure du repas...

La jeune Thynta cherchait un endroit au calme pour tresser un bracelet. C'était sa mère qui lui avait appris, avec quelques morceaux de laines et un peu de temps à perdre.

Après cette longue journée Thynta avait bien besoin de se détendre un peu, et elle trouvait encore que c'était l'un des meilleurs moyens. Elle erra jusqu'à la Cour Penchée, intriguée par le nom du lieu. Quelle ne fut pas sa surprise en arrivant ! Elle se retint immédiatement à un arbre de peur de tomber, et rigola de surprise quand elle remarqua qu'elle ne risquait pas de débouler la pente. Avec quelques pas mal assurés elle avança, mais se fut comme si il n'y avait point de descente, point de gravité. Quelle sensation enivrante de flottement, de légèreté !
La jeune fille se prit à sautiller jusqu'à un banc de pierre, gravé de dessins bucoliques, qui donnait vue sur une des ailes du château, elle ne savait pas encore très bien laquelle. elle s'assit dos à celui-ci, posa ses fils de laine, un bleu, un vert, un rose, un orange, et regarda devant elle.

C'est là qu'elle remarqua le garçon à côté duquel elle avait mangé ce midi, Jules, lui semblait-il.
Elle faillit se lever pour le voir, mais se rendit compte qu'il avait l'air absorbé par son livre. Elle s'empourpra en pensant qu'il l'avait peut-être vu sautiller quelques secondes auparavant.
Elle étendit donc ses jambes, fit un nœud à ses fils et commença à les tresser, en les faisant tenir par un sort que son père lui avait appris - fixum tuttis - afin qu'elle n'aie pas à chercher du scotch - elle n'était plus très sûre du mot - dans un château magique ! En sifflotant, elle se mit à l'ouvrage, sous le soleil doux de fin d'après-midi.

"Ses yeux avaient le couleur de notre mer Adriatique et ses lèvres, en ces heures pâles d'hiver, évoquaient mieux encore que ses paroles la saveur de ces fruits que je n'avais jamais goûtés et que dans notre langue on appelait les grenades."

Jules leva les yeux de son livres, comme pour prendre une bouffée d'air après avoir traversée une longue étendue d'eau tiède. Il apprécia le paysage aux alentours, découvrant des détails sur lesquels son attention à présent aiguisée par sa riche lecture ne s'était pas attardée.

Sur un autre banc de la cours, il vit la Cerconor un peu allumée de la grande salle. Il était content de voir un visage familier dans ces lieux immensément peuplé de réalité, de lois, de personnes inconnues. Ce n'était pas très simple de débarqué d'un jour à l'autre, d'un monde à l'autre ; mais ce grand pas il était heureux de l'avoir fait.

Thynta était entré de tresser des fils en laine. Hésitant un instant, il fit mine de reprendre sa lecture pour éviter de croiser son regard le temps de la prise de réflexion. Malgré sa réticence, Jules se força la main. Le premier pas était les plus dur à passer ! Il ferma son livre délicatement, le glissa dans on sac et mit ses affaires sur son dos. D'un pas discret il traversa la cours puis se planta devant la jeune fille.

En effet le plus dur était passé, sa nature reprenait le dessus et il s'exprima avec une aisance agréable. Avec un sourire gêné par politesse, il s'annonça. "Salut ! Je peux m'asseoir avec toi ? Alors comment s'est passé ta journée ?"

Plongée dans son bracelet de laine, la mine légèrement crispée par la concentration, Thynta avait depuis une vingtaine de minutes oublié tout autour d'elle, la présence de Jules en face, les gazouillis des oiseaux, le soleil commençant à se coucher derrière la montagne, et même sa propre présence dans un lieu extraordinaire.

C'est pour cela qu'elle sursauta presque quand elle entendit "Salut ! Je peux m'asseoir avec toi ? Alors comment s'est passé ta journée ?" à quelques pas d'elle.
Elle reconnut immédiatement la voix du jeune garçon, Jules, avec qui elle avait mangé le midi-même, et leva ses grands yeux bleus vers lui :

"Ho tu m'as surprise ! Assieds-toi je t'en prie ! - elle trouva vite son ton trop solennel - il était bien ton bouquin ? c'était quoi ? Ho tu m'as demandé pour ma journée, c'est vrai ! Ca allait, un peu éprouvante, c'est pour cela que je suis venue me détendre ici, je t'ai vu en cours de potions magiques, tu étais tout devant..."

thynta s'arrêta net dans sa lancée, s'apercevant, par le regard hagard de Jules, qu'elle parlait un peu trop. c'est que cela faisait déjà vingt minutes qu'elle n'avait pu bavarder, ni avec quelqu'un, ni dans sa propore tête. Elle se poussa donc légèrement de côté pour laisser une place au jeune sorcier et attendit sa réponse avec un sourire poli.

Comme à son habitude Thynta déballa une longue phrase sans interruption. Jules fut surpris, bien qu'il commençait à s'habituer aux réactions précipitées de la jeune fille. C'était comme si toutes les pensées qui filaient entre ses synapses n'avaient qu'une seule échappatoire : la parole. Rien ne les retenait. Alors elles affluaient comme un jet d'eau sous pression et giclaient sans se soucier de l'ordre, du style, ni de la logique. Jules commençait à apprécier ce tempérament naturel et sincère.

"Oui c'était bien les cours aujourd'hui ! J'aime bien les potions, c'est... magique !, il se trouva un peu stupide et rajouta, enfin ce que je veux dire c'est qu'on découvre plein d'ingrédient tout aussi fantastiques les uns que les autres, et qu'en plus en les mélangeant on produit des trucs que je n'aurais même pas imaginé !"

Il s'assit à côté d'elle et posa son sac tout beau, il l'avait acheté pour la rentrée et en était encore fier à chaque fois qu'il le voyait.

"Ouais ce bouquin est vraiment trop bien ! C'est un écrivain moldu ! Il est génial ! A la bibliothèque y a tout un rayon littérature qui fait pas la distinction entre littérature moldue et sorcière ! Pour une fois où les deux mondes se mélangent ! En tout cas il faut vraiment que tu le lises il est trop bien !
"Mais dis moi toi, qu'est-ce que tu fais ? C'est un bracelet brésilien ?"

La jeune fille avait écouté son camarade avec le plus grand intérêt. Elle trouva que lui aussi en avait des choses à dire, et à lui apprendre surement !

"ah on appelle cela un bracelet brésilien ? ma mère ne s'est jamais souvenu du nom !"

Jules acquiesça d'un signe de tête. Thynta regarda le résumé du livre, et parut quelque peu surprise :

" c'est fou comme cela n'a rien à voir avec la littérature des sorciers ! Il faut que j'aille voir ça ! Ma mère, ho je pense que tu as compris qu'elle était moldue, m'avait raconté quelques histoires fantastiques. C'est assez rigolo et en même temps assez fou de voir tout ce qu'ils connaissent sur nous ! Je ne sais pas si tu sais tiens, mais l'un des frères Grimm était un vrai sorcier !"

Vu le regard surpris de Jules, la petite Cerconor fut ravie de son effet. Elle reposa le livre entre les mains du jeune garçon, qu'elle commençait à vraiment trouver sympathique, et surtout intéressant, parce qu'il lui semblait possible de pouvoir discuter de tout, et surtout de pouvoir en apprendre d'avantage sur le monde moldu. Elle avait toujours trouvé cela dommage que sa mère soit aussi discrète là-dessus. Pour le coup des histoires fantastiques que sa mère lui avait raconté, elle avait bataillé pendant des mois, pour au final n'en avoir que quelques bribes, mais cela avait été une telle victoire !

Jules s'assit et lui tendit le livre lorsqu'elle voulut y jeter un coup d'oeil. Le bracelet qu'elle était en train de faire était fixer en l'air. C'était vraiment plus facile d'être un sorcier, Jules se rappelait qu'il devait faire un noeud, puis cherche une épingle à nourrice, puis un endroit où justement l'épingler... et évidemment l'endroit en question n'était jamais commode, mais on s'y adaptait ! Les fils de laine tombaient sur ses genoux, deux teintes de vert, et un orange. C'était joli ! Elle lui parla.

"Ah bon ? Non je savais pas, mais c'est vrai que je ne connais pas très bien les contes de Grimm. On avait à la maison une très vieille édition magique des contes d'Andersen. Quand on ouvrait le livre tout à l'intérieur s'animait. J'adorais ça ! Ma mère me racontait qu'elle avait reçu de son grand père qui avait lui même connu Andersen... Je sais pas trop si c'est vrai !

"Ma mère est la seule sorcière de ma famille, quant à mes grands-parents, ses parents quoi, eux aussi sont sorciers, mais ils habitent très loin et on les voit rarement ! Ils habitent en Allemagne ! J'aime bien aller là-bas c'est tellement bizarre là-bas ! Leur maison est trop jolie, il y a tout qui vole ! Mais bon je sais pas parler allemand...

"Toi tu n'as que des sorciers dans ta famille ? Tu as l'air de savoir beaucoup de choses !"

Il laissa traîner son regard sur le bracelet

"Il est joli ! Dis tu m'en feras un pour moi ? Je l'ajouterai à mes bracelets en bois ! Regarde celui-ci, il lui montrait un de ces bracelets à la main droite, assez finement ciselé, c'était un ensemble de petit morceaux tenus entre eux par un fil magique qui ne se voyait pas, c'est moi qui l'ais fait ! C'est une racine de mandragore ! J'ai plein de plantes chez moi, j'en ai fait plein !"

La jeune fille avait l'habitude qu'on lui dise qu'elle parlait trop, mais là Jules l'avait battu ! Elle ne savait plus vraiment par où commencer :

" Heu, oui oui pas de souci ! je te ferai un bracelet, tu veux quelles couleurs dis-moi ? "

Elle prit son poignée pour regarder le bracelet de bois " waouh ! c'est du beau boulot, c'est fin et tout et tout ! Tu m'en ferais un aussi ? "

Elle faillit presque rougir, elle n'aimait pas trop demander des choses. Elle se rappela le début de la conversation :

" ah oui tu m'as demandé si j'avais que des sorciers dans ma famille ! Ma mère est moldue, mais je ne connais pas sa famille du coup je vis pleinement dans le monde sorcier ! Je sais que j'ai quelques cousins ou tantes mariés avec des moldus, mais on est tellement nombreux ! Notre famille est assez ancienne ! d'ailleurs je crois que "Barbish" est d'origine allemande ! Là-bas les sorciers aiment beaucoup le fantastique ! Mon père les trouvent trop frivoles ! Mais je trouve que tu as un bon contact avec le monde sorcier - elle s'en retourna de nouveau au bracelet que vraiment elle trouvait magnifique - d'autres enfants n'ont aucun parent sorcier et du coup ils découvrent tout seulement à 11 ans ! ça doit être bizarre !"

Elle revint sur sa première réflexion, et finalement Jules ne l'avait peut-être pas encore battue !

Je verrouille <3